Contexte européen

De l’importance de créer de nouvelles possibilités d’apprentissage

Les possibilités d’apprentissage sont aujourd’hui illimitées et sans frontières. Les individus acquièrent de nouvelles aptitudes et compétences non seulement dans des salles de cours (apprentissage formel), mais aussi de plus en plus en dehors. Une partie importante de l’apprentissage se fait au travail. Les entreprises offrent de plus en plus souvent à leurs travailleurs des possibilités de formation pour actualiser leurs compétences par un apprentissage organisé mais non formel. L’apprentissage informel aussi gagne en importance à l’ère de la mondialisation et de l’interconnexion, les technologies offrant aux individus un nombre infini de moyens d’apprendre, notamment par des ressources didactiques en libre accès et à distance.

La mobilisation et l’autonomisation de tous les apprenants possédant des expériences d’apprentissage sont capitales au moment où l’économie et les technologies évoluent rapidement, où les travailleurs ont tendance à changer plus souvent d’emploi au cours de leur vie et où les individus doivent être incités à améliorer et parfaire leurs aptitudes pour accroître l’employabilité et la productivité et stimuler la croissance économique.

Vu la hausse du chômage – particulièrement élevé chez les jeunes – et la faible croissance économique à l’heure actuelle, il est urgent que les citoyens utilisent les nouvelles possibilités d’apprentissage qui ne relèvent pas du système formel et mettent à profit les aptitudes acquises grâce à elles: l’Europe a besoin d’un éventail approprié de compétences et doit faire davantage correspondre les compétences et les emplois pour aider à stimuler la compétitivité et la prospérité.

Dans ce contexte, les systèmes d’enseignement, de formation et de certification doivent donner l’occasion à tous les citoyens de faire valoir ce qu’ils ont appris hors du système éducatif et de l’utiliser dans leur vie professionnelle ou dans leur parcours d’apprentissage. C’est ce que permet la validation des acquis de l’apprentissage non formel et informel, laquelle consiste à obtenir la confirmation par un organisme agréé que les acquis de l’intéressé (savoir, aptitudes et compétences) correspondent aux prescriptions d’une norme donnée.

L’apprentissage non formel et informel dans la stratégie Europe 2020

La validation des expériences d’apprentissage non formelles et informelles dans les États membres contribue grandement à la réalisation de l’objectif de croissance intelligente, durable et inclusive dans l’Union européenne inscrit dans la stratégie Europe 2020. Elle peut avoir des retombées importantes sur le fonctionnement du marché du travail: les mécanismes de validation rendent les compétences de la main-d’œuvre plus transparentes, facilitent la mise en correspondance de l’offre de compétences et de la demande de main-d’œuvre et favorisent la transférabilité des compétences d’une entreprise et d’un secteur à l’autre et la mobilité sur le marché du travail européen. En améliorant la mobilité professionnelle et géographique et la mise en correspondance des compétences et des besoins, la validation peut grandement contribuer à combler la pénurie de compétences dans des secteurs en plein essor et concourir à la reprise économique.

Dans un contexte de vieillissement de la population et de contraction de la main-d’œuvre, la validation des expériences d’apprentissage informelles et non formelles peut aussi aider l’Europe à ouvrir les nouvelles possibilités d’apprentissage et d’emploi aux personnes les plus en marge du marché du travail et à mettre tout son capital humain au service de la lutte contre le chômage et de la stimulation de la productivité et de la compétitivité. Ainsi, la validation peut aider les jeunes chômeurs qui sont à la recherche de leur premier emploi ou qui possèdent peu d’expérience professionnelle à établir les aptitudes et compétences qu’ils ont acquises dans différents contextes et à donner à celles-ci une valeur sur le marché.

Sur le plan personnel, la validation offre la possibilité d’améliorer son employabilité, d’obtenir une meilleure rémunération, d’évoluer dans sa carrière et de faire valoir plus facilement ses compétences d’un pays à l’autre; elle donne une deuxième chance à ceux qui ont quitté l’école prématurément, améliore l’accès à l’enseignement et la formation formels, motive davantage à apprendre et renforce la confiance en soi.

La validation des expériences d’apprentissage non formelles et informelles contribue aussi à la réalisation des objectifs phares d’Europe 2020 que constituent la lutte contre le décrochage scolaire, l’augmentation de la proportion des 30-34 ans titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur ou équivalent, l’amélioration du taux d’emploi global et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Dans la continuité du programme d’action de l’Europe

La validation de l’apprentissage non formel et informel est à l’ordre du jour de l’Union européenne depuis le lancement de la stratégie de Lisbonne en 2000. La Commission a défini l’apprentissage tout au long de la vie comme l’ensemble des activités d’apprentissage entreprises à tout moment de la vie dans le but d’améliorer ses connaissances, ses qualifications et ses compétences dans une perspective personnelle, civique, sociale et/ou professionnelle.

Depuis la déclaration de Copenhague en 2002 sur la coopération européenne renforcée en matière d’enseignement et de formation professionnels, toute une série d’initiatives ont été prises en vue de la mise au point d’outils et d’instruments européens dans le domaine de l’apprentissage tout au long de la vie:

  • En 2004, des principes européens communs en matière de validation ont été adoptés sous la forme de conclusions du Conseil.

  • La même année, le cadre Europass a été créé; il comprend le CV Europass et un ensemble de documents standardisés que les citoyens peuvent utiliser pour présenter les qualifications et compétences qu’ils ont acquises et mieux les faire reconnaître dans toute l’Europe. Parmi ces documents : le supplément au Certificat europass qui peut être associé à tous les Titres de compétence.

  • Depuis 2004, un inventaire européen de la validation est régulièrement mis à jour

  • La recommandation sur le cadre européen des certifications (CEC) pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, adoptée en 2008 par le Parlement européen et le Conseil, fut un autre jalon important sur la voie de la validation de l’apprentissage non formel et informel. Le CEC constitue un cadre de référence des niveaux de qualification, définis sur la base des résultats d’apprentissage. Il a ouvert la voie à un processus par lequel tous les États membres élaborent leur cadre national des certifications en établissant des correspondances entre leurs qualifications et le CEC. Ces cadres nationaux, dont l’élaboration est en cours, rendront les qualifications plus comparables et lisibles pour les employeurs, les établissements d’enseignement ou de formation, les travailleurs et les apprenants.

  • En 2009, la Commission et le Cedefop ont publié des lignes directrices européennes pour la validation des acquis non formels et informels, qui fournissent des conseils d’ordre technique aux décideurs et aux professionnels. Celles-ci abordent la validation sous différentes perspectives (par exemple du point de vue individuel, organisationnel, national et européen). Les lignes directrices sont un outil pratique applicable sur une base volontaire.

  • Il existe également des systèmes de crédits fondés sur les résultats d’apprentissage. Pour l’enseignement supérieur, il s’agit du système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS), conçu dans le cadre du processus de Bologne pour faciliter la mobilité entre les établissements d’enseignement supérieur. Quant à l’enseignement et la formation professionnels, ils font l’objet du système européen de transfert de crédits pour l’enseignement et la formation professionnels (ECVET). Dans ce cadre un projet Léonardo, Ecvet in Progress, entend favoriser la mise en place concrète des ECVET, accroître les mobilités entre les différents partenaires impliqués (outre les représentant finlandais et estoniens, le sfmq, les acteurs de la formation professionnelle en Belgique francophone et le Consortium de validation des compétences) dans l'expérimentation théorique de parcours types du secteur de la construction. Ce projet a permis de créer une série d'outils et de recommandations dont, entre autres, un rapport d'expérimentation de mobilité à travers des parcours d'apprentissage, un manuel de bonnes pratiques et recommandations pour la mise en oeuvre de la mobilité et l'apprentissage tout au long de la vie et une brochure Ecvet in Progress: Faites bougers vos compétences ! Consultez ces documents ainsi qu'un glossaire.

  • La recommandation de 2009 est relative à l'établissement d'un cadre européen de référence pour l'assurance de la qualité (EQAVET) dans l'enseignement et la formation professionnels. Ce cadre devrait favoriser la mise en œuvre des principes européens communs pour l'identification et la validation de l'éducation et de la formation non formelles et informelles en améliorant l'articulation entre l'enseignement, la formation et l'emploi, et en multipliant les passerelles.

Dans le communiqué de Bruges de décembre 2010, les ministres européens chargés de l'enseignement et de la formation professionnels, les partenaires sociaux européens et la Commission européenne ont déclaré que les pays participants devraient commencer à mettre en place, en 2015 au plus tard, des procédures nationales de reconnaissance et de validation de l'éducation et de la formation non formelles et informelles, soutenues, le cas échéant, par des cadres nationaux des certifications.


Le 20 décembre 2012, la recommandation du Conseil de l’Union Européenne relative à la validation de l'apprentissage non formel et informel est adoptée. L'objectif de cette recommandation est d’offrir aux citoyens la possibilité de faire valoir ce qu'ils ont appris en dehors de l'éducation et de la formation formelles -y compris par le biais de leurs expériences de mobilité- et tirer parti de cet apprentissage dans leur vie professionnelle et la suite de leurs apprentissages. A cet effet, les Etats membres sont invités à mettre en place, en 2018 au plus tard, des modalités de validation des apprentissages non formels et informels qui permettent aux citoyens de faire valider les savoirs, les aptitudes et les compétences qu'ils ont acquis grâce à l'apprentissage non formel et informel ; d'obtenir une qualification complète ou, le cas échéant, partielle, sur la base d'expériences d'apprentissage non formelles et informelles validées. Par cette recommandation, le Conseil invite également les États à inciter toutes les parties prenantes concernées, telles que les employeurs, les syndicats, les chambres de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, les organismes nationaux intervenant dans la procédure de reconnaissance des qualifications professionnelles, les agences pour l'emploi, les organisations et animateurs de jeunesse, les prestataires de services d'enseignement et de formation et les organisations de la société civile, à participer à l'élaboration et à la mise en œuvre des éléments et des principes qu'il détaille dans ce texte. 

  IFAPME